3ème dimanche de Carême – Homélie

Homélie du dimanche 20 mars 2022.                  3ème Carême C

 

L’Evangile de Luc s’ouvre aujourd’hui comme une page de journal avec à la une deux événements dramatiques.

Une répression politique sanglante : des Galiléens massacrés sur ordre de Pilate.
Une tour qui s’effondre en faisant dix huit victimes. Ce sont deux drames parmi tous ceux qui mettent les hommes en face du mal, de la violence, de la souffrance, avec plein de pourquoi, plein d’incompréhension, de révolte aussi …Le drame de la guerre en Ukraine et tous les conflits qui écrasent des familles, des enfants, dans notre monde aujourd’hui.

 

Avec cette question qui nous traverse quand nous sommes nous-mêmes touchés par la souffrance ou le malheur : qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? C’est la même question posée au sujet de l’aveugle né : « Qui a péché pour qu’il soit né ainsi ? Lui ou ses parents ? » Jésus répondra : «  Ni lui, ni ses parents ! »

De la même manière dans l’Evangile de ce jour, Jésus commence par répondre que ceux qui ont perdu la vie ne sont pas des coupables : ils sont des victimes. Victimes innocentes pour les gens de la tour ; victimes d’un dictateur sanguinaire pour les Galiléens. Jésus n’implique pas Dieu dans ces événements malheureux. Il nous révèle que Dieu n’est pas un juge qui condamne, qui distribue selon son caprice le bonheur ou le malheur. 

Le Dieu que Jésus nous révèle, c’est le Dieu de ses pères, le Dieu de son peuple. Dieu de Moïse. «  J’ai vu la misère de mon peuple. J’ai entendu son cri et je vais le délivrer de l’esclavage ». Cette parole transmise de génération en génération annonce la première Pâque : la sortie d’Egypte du peuple hébreu conduit par Moïse envoyé par Yahvé.

Magnifique rencontre de Dieu avec Moïse. Moïse fait un détour pour voir ce buisson que ne se consume pas. Le rencontre de Dieu demande qu’on soit prêt à se déplacer pour lui faire place. Magnifique parole invitant Moïse à retirer ses sandales parce que « la terre où tu te tiens est une terre sainte ». C’est la terre des hommes, c’est l’humanité elle-même qui devient sainte, sacrée : la terre de notre Créateur et de notre Libérateur.La terre de Dieu qui  aime ce monde et fait alliance avec l’humanité.

Dieu n’est pas le Dieu qui punit ou qui fait peur aux petits enfants. Il n’est pas non plus un Dieu lointain, étranger à la vie des hommes : il voit, il entend, il libère. Et puis il appelle à la conversion et il envoie …

Chacun de nous reçoit cet appel à la conversion. Je vous suggère quatre pistes, quatre chemins de conversions.

Le premier : me libérer de ce qui peut encore traîner dans ma tête d’un Dieu qui châtie, qui punit pour me laisser retourner, bouleverser par Dieu Libérateur, Dieu Amour.

 

Deuxième chemin de conversion. Celui proposé par l’EAP. Suis-je disponible à ceux qui m’entourent ? Est-ce que je prends le temps de les écouter vraiment, sans a priori, sans jugement ?

Troisième chemin. En cette journée de prière pour les victimes de violences et d’agressions sexuelles au sein de l’Eglise. Entendre et porter leurs cris, leur demande de vérité et de justice. Et entendre aussi les cris des victimes innocentes des guerres, de la misère. Résister à ce qui peut être inhumain dans nos milieux de vie, aussi parfois dans nos comportements.

Quatrième chemin. Celui que nous indique le pape François et que le CCFD présente dans son livret de Carême : « Un individu peut aider une personne dans le besoin, mais lorsqu’il s’associe à d’autres pour créer des processus sociaux de fraternité et de justice pour tous, il entre dans le champ de la plus grande charité, la charité politique … » (livret de Carême pour le 3ème dimanche). Je pense à toutes les mobilisations associatives pour les Ukrainiens et plus largement à tous ceux et celles qui s’unissent à d’autres pour la paix, la justice, le bien de tous. Nous devenons alors, comme dit le pape « des bons samaritains collectifs »

Qu chacun choisisse le chemin de conversion qu’il peut recevoir comme un appel du Seigneur.

Avec la recommandation de Paul : « Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention de ne pas tomber » Chemins de conversion ! Mais pas à la force du poignet ; simplement ma bonne volonté pour marcher avec le Christ avec mes fragilités et le meilleur de moi-même !

Et cette belle parole du vigneron dans la petite parabole du figuier : « Laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier ».

Une parole qui nous encourage, nous réconforte parce qu’elle appelle à la confiance (tout n’est pas foutu !)

Une parole qui nous fait entrer dans le temps de la patience (aussi avec nous mêmes !)

Le temps de la patience de Dieu : Il est « tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ».

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