1er dimanche de Carème – Homélie

Homélie du dimanche 6 mars 2022

 « Après deux années de pandémie qui ont impacté chacune de nos vies, nous voici sous une actualité brûlante en Ukraine. Cette situation nous ébranle et nous plonge dans le désarroi, la stupeur et l’anxiété … »

Avec cette invitation de l’EAP : offrir notre Carême pour la Paix. Et vivre ce temps comme un chemin : un chemin à la suite de Jésus, un chemin avec lui.

 

Par le récit des tentations, l’auteur de l’évangile nous présente Jésus qui refait le chemin de son peuple depuis la sortie d’Egypte, les 40 ans dans le désert ; sa marche avec ses avancées et ses reculs, ses détours et ses révoltes, sa quête de liberté et de bonheur. A la suite du père Abraham : « un Araméen nomade, qui vécut en immigré » A la suite de ceux qui en Egypte ont été « maltraités et réduits à la pauvreté »

 

La marche de ce peuple vers sa libération a été transmise de génération en génération . Elle  nous rejoint par tout ce qui bouleverse nos vies, notre monde. Elle nous renvoie à nos solidarités avec les opprimés, les humiliés, les réfugiés d’aujourd’hui : « Dieu nous a fait sortir ». C’est cette libération, cette espérance que Moïse et son peuple célèbrent.

 

Notre célébration est le moment privilégié où nous offrons notre Carême pour la paix, tournés vers ce Seigneur généreux qui ne fait pas de différence entre les Juifs et les païens, unis à ceux qui de toutes leurs forces résistent au risque de leur propre vie, unis à tous ceux qui cherchent à sortir notre monde de l’engrenage infernal de la guerre et de la mort.

 

Après quarante jours de jeûne, Jésus eut faim. Et nous, de quoi avons-nous faim et soif ? Qu’est-ce qui nous a manqué, et qu’est-ce qui nous manque le plus ?

Par quoi suis-je tenté ? Quelles sont mes aspirations ? (EAP)

 

Nous avons dû nous ajuster autrement les uns aux autres, gardant nos distances,

subissant l’isolement,la fragilisation des lieux et des moments de rencontre, de fête …Nous avons dû remettre en cause ou vivre autrement nos projets ; et nous continuons de vivre l’inquiétude et l’incertitude par rapport à l’avenir …

 

Les tentations de Jésus sont nos propres tentations et elles sont humainement compréhensibles. Nous voudrions tellement que les pierres se changent en pain pour vivre rassasiés. Nous voudrions tant que la guerre s’arrête pour vivre en paix, en tranquillité. Nous voudrions tant croire en un Dieu puissant ou croire en des hommes providentiels  qui viendraient tout régler à notre place.

 

 

Jésus a renoncé à ce choix de la toute puissance et son chemin nous appelle à « rompre nous mêmes avec la toute puissance ».

 

Pandémie, guerre, changement climatique. Nous sommes dans un monde d’incertitude et de menaces. Nous prenons conscience de nos fragilités, de nos vulnérabilités. Nous découvrons combien nous sommes tellement dépendants les uns des autres, reliés les uns aux autres dans un monde limité, fragile « sans défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle absolue » Laudato Si 56).

 

Comment alors résister à la tentation de ma seule sécurité personnelle ? A la tentation du repli sur mes seuls intérêts ? A la tentation du « moi d’abord » .

 

Le chemin de paix de notre Carême nous invite, je crois à nous laisser guider par deux repères.

Le premier : faire de nos incertitudes un lieu de confiance nourri par la prière. Relisons et prions le psaume 90 : « Sois avec moi, Seigneur, dans mon épreuve ! »

 

Le deuxième repère, c’est celui de la rencontre, de la solidarité, de la fraternité avec mes proches bien sûr  mais aussi au delà de mon cercle habituel.

Que ce temps du Carême soit une temps de discernement : mes choix servent-ils

cette fraternité plus large que Jésus a ouverte ?

 

Chemin risqué de Jésus. Il quitte la tentation de la toute puissance. Il part en Galilée  où il proclame  « L’Esprit du Seigneur est sur moi pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, proclamer aux captifs la délivrance, aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés à la liberté ».

 

Jésus se rend vulnérable, compagnon d’humanité. L’homme, la femme debout,  fraternels, c’est sa passion. Il sera condamné pour flagrant délit d’humanité. Sur nos chemins d’humanité, il est avec nous et nous fait découvrir l’immense amour de son Père pour lui et pour chacun de nous.

 

 

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