A la veille des départs en vacances quand bon nombre d’entre nous partiront sur les routes, pour s’entasser dans les bouchons ou les files interminables des gares et des aéroports, cet Evangile de l’envoi des 72 en mission tombe à pic! Car justement, nous sommes invités par Jésus à partir comme les 72 en mission…. Partir; un mouvement s’installe au cœur de l’ évangile et de notre foi; il faut bouger, annoncer, partager ce qui nous fait vivre. Il faut faire des disciples, il nous faut devenir des disciples missionnaires.
Une certitude:L’Église que nous formons ne peut s’enfermer sur elle-même. Mais, avouons- le nous vivons parfois une tension, entre le désir de vivre bien au chaud, entre nous, partageant avec celles et ceux qui nous ressemblent et pensent comme nous…,sans doute aussi sommes-nous plus préoccupés par notre petit confort spirituel que par une ouverture à celles et ceux qui n’en sont pas encore des nôtres ou ne partagent pas nos assemblées. Cet entre nous, ce bien-être ensemble peut parfois être plus fort que le devoir de témoigner, ailleurs, en dehors de nos cercles. L’élan de l’annonce de notre foi s’en trouve alors fortement diminué. Nous avons à vivre cela comme une faiblesse.
En effet, si nous nous enfermons dans une spirale d’absence d’annonce, nous nous mettrons à gémir, ne pensant qu’aux absents. Cette attitude est hélas trop facile et peut être même un peu lâche. Comme Jésus nous le rappelle, nous devons nous lever et nous engager dans une dynamique de la transmission de la foi en Dieu. C’est la dynamique qui fait vivre, qui fait naître des choses nouvelles . La vie va à la vie ; la vie n’appartient pas à ceux qui se confortent dans leurs lamentations. Ça nous donne bonne conscience et surtout, cela ne nous oblige pas à nous remettre en question, vivre de la sorte, cette attitude fait passer à côté de l’évangile du Christ. La mission évite, comme pour un match de foot, de s’installer dans les gradins et d’attendre que le match commence. Quittons les gradins et descendons sur le terrain. C’est à nous, et seulement à nous, à chacune et chacun, selon ses dons, de jouer, de faire le match. Osons regarder en face notre dynamisme pour annoncer la foi. ce dynamisme donne sens à nos existences. Cela ne signifie pas évidemment d’entrer dans une démarche triomphaliste, mais simplement d’oser vivre une rencontre de partage sur l’essentiel de ce qui nous anime. Et, je crois pouvoir dire, qu’ici Hem et Forest/marque, nous sommes au sein de nos communautés paroissiales des privilégiés. Cependant n’oublions jamais que même si nos lieux de célébrations sont bien plus ou moins vivants et bien fréquentés durant l’année, ils sont et restent, malgré tout, des îlots dans un océan où Jésus est aujourd’hui encore fort mal connu.
Notre prière nourrie par la méditation de cet évangile ne doit pas nous conduire à simplement prier pour les vocations, comme s’il ne s’agissait que d’augmenter le nombre de celles et ceux qui assureront certaines tâches spécifiques au sein de nos communautés. Même si cette prière à toute sa valeur, elle risque d’être tranquillisante et de démobiliser tout en donnant , bonne conscience. Prier le Père pour susciter des ouvriers n’a de sens, que si cette prière fait vibrer la communauté toute entière. C’est-à-dire lorsque celle-ci se sent pleinement responsable de son avenir. Une communauté qui fuit ses responsabilités, fait mourir les vocations, par contre une communauté qui s’engage plus en avant les fait naître. Aujourd’hui encore, la moisson reste abondante, alors Père nous te prions : envoie des ouvriers, non pas pour nous permettre d’entrer dans une phase d’oisiveté défaussant notre mission de baptisés aux prêtres, mais pour engendrer de nouvelles manières de nous engager au service de la foi, au service de l’Eglise. Amen.