Homélie de Pâques

Les récits de résurrection ont été écrits tardivement. Nous savons qu’ils sont des récits composés par des communautés de croyants cinquante ans après les événements. Ils viennent mettre en scène la première confession de foi chrétienne : « Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures. Il a été enseveli. Il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures. Il est apparu à Céphas, puis aux Douze » (I Cor 15, 3-5)

Qu’est-ce qui a conduit Paul à annoncer cette extraordinaire nouvelle ? Qui sont les premiers témoins ? Quel a été leur cheminement ?

Ces témoins sont des femmes et des hommes dont on nous dit qu’ils avaient suivi Jésus : « Les femmes qui l’avaient accompagné depuis la Galilée » (Luc 23, 55).

Oui, ces femmes étaient avec Jésus quand il marchait sur les routes de Galilée. Elles l’ont suivi jusqu’au pied de la croix : « Tous ses familiers se tenaient à distance ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée ».

 Jésus, leur ami, celui en qui elles avaient mis leur confiance, est mort. Elles se rendent au tombeau où on l’avait déposé. C’est la fin du chemin, la fin de l’incroyable histoire de celui en qui elles avaient mis leur confiance.

 En se rendant au tombeau, elles voient que la pierre est roulée, que le corps de leur ami n’y est plus. Ce constat n’est pas du tout une preuve. Bien au contraire, ces femmes sont étonnées, désemparées. Où on l’a mis ? Qui l’a enlevé ? Elles sont saisies de crainte, le visage incliné vers le sol …

Ce qui est commun à tous les récits de résurrection, c’est une Parole :

« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée. »

 Et elle se rappelèrent ce qu’il avait dit, ce qu’il avait fait.

Ces femmes et ces hommes avaient été séduits par le message de Jésus : un message de vie et de bonheur pour ceux qui sont les petits, les invisibles, les discriminés. Message des Béatitudes. Heureux, vous les pauvres ! Les artisans de paix et de justice ! Ils avaient été témoins de sa manière d’aller à la rencontre de tous, en particulier des éloignés des pratiques religieuses du Temple, de celles et de ceux qui étaient considérés comme des païens ou des impurs ou des mal croyants. Jésus ne venait pas fonder une nouvelle religion. Il osait remettre en question les rites et les lois qui divisaient les gens, témoignant que Dieu était le Père de tous et que son grand désir était la fraternité ! Il osait mettre en valeur un samaritain, une samaritaine, un centurion romain, Zachée …

Les pouvoirs politiques et religieux se sont unis pour le condamner et le supprimer.

 Les récits nous parlent du troisième jour, d’un nouveau jour, du premier jour de la semaine. Voilà l’expérience des premiers témoins. Il y a eu dans leur vie l’extraordinaire événement d’un jour nouveau où ils ont relevé la tête, où ils se sont retrouvés à nouveau pour annoncer que le chemin ouvert par Jésus était chemin de vie pour eux et pour tous ceux et celles qui veulent à leur tour le prendre. Dieu a relevé son Fils et validé sa vie donnée.

 Nous célébrons la Pâque du Seigneur, son relèvement, la victoire de la Vie alors que pour beaucoup la période que nous traversons est rude : précarité, hausse du coût de la vie, isolement, maladie, handicap … et aussi les pires épreuves subies par les populations d’Ukraine, du Soudan, du Liban. Tant de souffrances nous marquent. Le mal, la violence, la guerre, l’injustice vont-elles triompher ?

Oui, la tentation normale serait de désespérer et de nous replier sur nous-mêmes. Mais nous sommes en même temps témoins de l’action de tant de personnes, d’associations, d’organisations qui se mobilisent pour faire reculer la misère et ouvrir un avenir de paix et de justice. Parmi eux, des chrétiens au coude à coude avec tant d’artisans de paix et de justice, de serviteurs de la fraternité. Il est là l’événement de Pâques aujourd’hui, l’Esprit du Ressuscité.

Une puissance de Vie qui met en échec toutes les formes de haine et de division qui génèrent du malheur.

 Paroles qui relèvent, qui nous relèvent. Témoins qui nous appellent à choisir la vie.

Parmi ces témoignages, je vous offre celui d’une amie : Elle avait écrit son histoire. Elle avait parlé de sa rencontre de Jésus. C’était pendant un temps de retraite proposé par la JOC, le mouvement auquel elle participait. Elles avaient lu l’Evangile. Elle dit : «  Nous avons cheminé pendant deux jours. A partir de là, j’ai su que je ne lâcherai plus la main du Seigneur pour être aussi l’Amour auprès des autres ». Cet amour, elle l’a vécu à travers les épreuves de sa vie, sa rencontre des autres, son action syndicale ou la vie de quartier.

Jésus ressuscité vient à notre rencontre. Il ne nous lâche pas la main. Avec lui, nos mains s’ouvrent au partage, au souci de l’autre. Nos mains s’unissent pour agir, lutter, résister chaque fois que l’humain est malmené, chaque fois que la rencontre de l’autre est menacée. Le chemin de la vie traverse toutes les obscurités, les douleurs de nos vies et de notre monde.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *