J’aurais pu aujourd’hui vous parler de l’amitié entre Jésus et Lazare. J’aurais pu vous entretenir sur Marthe et Marie qui déplorent l’absence de Jésus voire son inaction… j’aurais pu vous entretenir enfin sur la construction de l’évangile de St Jean avec ces 7 signes qui conduisent à la foi. Qui provoquent ses auditeurs à la foi.
Mais non j’ai choisi de m’arrêter sur un détail, qui n’en est peut-être pas un : ce sont les liens qui retiennent Lazare au tombeau et les bandelettes qui le paralysent encore…
« Déliez-le et laissez-le aller » dit Jésus. Voilà une parole de Jésus qui me fait penser à une autre : « ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans les Cieux »
Nous le savons toute l’histoire biblique est une histoire de libération, de délivrance. Elle est l’histoire d’un Dieu qui veut libérer son peuple de tout esclavage et de toute soumission qui empêche l’homme de s’épanouir. De même tout au long de sa vie Jésus n’a eu de cesse de libérer son peuple des liens qui asservissent l’homme. Jésus se bat pour libérer, délier les hommes emprisonnés à cause de culpabilité que la religion faisait pesait sur eux.
- Le 1er dimanche du carême nous a présenté les tentations de Jésus : lui aussi comme chacun, est tenté et, dans son combat, il est le 1er à se libérer totalement de cet attrait du pouvoir et de l’argent qui risquent de la paralyser.
- 2° dimanche avec la Samaritaine, cette femme aux 5 maris que jésus libère en lui donnant l’eau vive, en lui montrant combien elle aussi est aimée de Dieu.
- Dimanche dernier, avec l’aveugle né, à qui on avait fait croire que sa cécité était due à son péché ou à celui de ses parents. Ce n’est qu’en le délivrant de cette culpabilité que Jésus lui permet de reprendre une vie normale.
- Et aujourd’hui, comme en point d’orgue, Jésus délivre de la mort son ami Lazare. Cette délivrance n’est cependant pas automatique comme à chaque fois elle passe par l’intermédiaire des hommes : souvenons-nous à Cana le rôle des serviteurs, et pour la multiplication des pains le rôle du petit garçon qui offre ce qu’il a ou encore pour cet autre paralytique le rôle des serviteurs qui le font passer par le toit…. Dieu n’agit pas seul, il a besoin des hommes, il a besoin de toi, de moi… » Déliez-le et laissez l’aller » ! il reste pour cela à « ôter la pierre » et « défaire les bandelettes ».
Aujourd’hui, Dieu nous invite aussi à ôter la pierre qui empêche les autres de vivre, Dieu nous invite à délier les liens qui paralysent l’homme.
Aujourd’hui, c’est le Week end du CCFD, nous le constatons trop de liens retiennent l’homme, trop de pierres les enferment. Délions ensemble les liens de l’égoïsme qui engendre la faim, délions les liens de la haine qui engendre la guerre, les liens de l’indifférence qui engendrent le repli sur soi. Liens de la discorde qui évitent le pardon.
Jésus a pleuré son ami Lazare, il continue à pleurer sur toutes celles et ceux que nous avons liés sans leur laisser la chance de vivre.
Jésus a pleuré son ami Lazare et il continue de pleurer sur toutes celles et ceux que nous enterrons sans leur laisser la chance de vivre leur vie.
Jésus pleure sur toutes celles et ceux que nous avons liés ou que nous avons utilisés à notre profit.
La sortie de Lazare du tombeau nous fait étrangement penser à celle de Jésus au petit matin de Pâques. Les bandelettes la pierre roulée. Dans quelques jours nous célébrerons Pâques, la Résurrection de Jésus.
A la suite de Marthe dans l’évangile Nous confessons que Jésus est la Résurrection et la vie, que celui qui croit en lui, même s’il meurt, vivra. Jésus est très clair, avant de donner sa vie, avant de mourir, il est déjà résurrection. Jésus est la vie et il est la résurrection. D’ailleurs il ne les garde pas jalousement pour lui mais il nous les partage quand. Ceci me fait croire que s’il nous donne sa vie il nous donne part à sa résurrection. Donc déjà aujourd’hui, nous pouvons dire avec lui : » nous sommes déjà ressuscités ! »
